La crise de la maladie à  coronavirus est avant tout, une crise sanitaire, mais elle laisse déjà  entrevoir d’importants impacts socio-économiques. Déjà , le secteur pétrolier apparait comme l’un des plus touchés.

Le West Texas Intermediate (WTI), également appelé Texas Light Sweet, est un type de brut considéré comme le standard dans la fixation du cours du brut et des matières premières pour les contrats à  terme du pétrole auprès du Nymex (New York Mercantile Exchange). Le 20 Avril 2020, la bourse spécialisée dans l’énergie voit le baril de brut américain plonger sous la barre de zéro dollar US, et clôturer à  – 37,63 dollars US. La journée fut éprouvante sur le marché pétrolier. Du jamais vu ! Les investisseurs et spéculateurs se retrouvèrent – face à  une demande inexistante – cherchant désespérément à  se débarrasser de la production excédentaire sur un marché si saturé, que les lieux de stockage commencent à  manquer.
Pour le cas du Sénégal, les entreprises ont annoncé soit, des reports dans leurs échéanciers, soit des actions en cours pour réviser les dépenses à  la baisse, ou tout simplement leur intention de céder partie – voire la totalité – de leurs actifs au nom du « cas de force majeure ». Par exemple :

• Le 07 Avril 2020, le major britannique BP publiait un avis de « force majeure » pour annoncer le report à  2023 (au lieu de 2022) la réception du FLNG du projet GNL Grand-Tortue – Ahmeyim (GTA) situé au large des côtes de la Mauritanie et du Sénégal. Pour rappel, en 2019, BP avait attribué à  Golar un contrat pour la construction du FLNG pour ledit projet.
  Source : https://www.reuters.com/article/us-golar-lng-lng-bp/bp-is- sues-force-majeure-notice-to-golar-lng-unit-on- oating-facility-idUSKBN21P2J7
• Le 08 Avril 2020, l’américaine Kosmos publiait un communiqué annonçant que : « les restrictions en cours ont eu un impact sur les flux de travail critique, y compris pour la construction du brise-lames pendant la fenêtre météorologique opportune de 2020. (Et que) par conséquent, l’échéancier du projet de la phase 1 (GTA) devrait être retardé d’environ 12 mois. »
  Source : http://investors.kosmosenergy.com/news-releases/news-release-details/kosmos-energy-provides-operational-update-0
• Le 27 mars 2020, la britannique Cairn a annoncé que : « Les partenaires de la coentreprise, pour (le bloc) Sangomar, travaillent en collaboration pour évaluer plusieurs initiatives importantes visant à  réduire et à  remettre en phase les dépenses en capital du projet de développement Sangomar. à€ ce stade, sur la base des initiatives déjà  identifiées, Cairn s’attend à  ce que les dépenses en capital nettes pour Sangomar, en 2020, soient inférieures à  330 millions de dollars, en baisse par rapport aux prévisions initiales de 400 millions de dollars. Un examen plus large des dépenses en capital pour 2020 et les années à  venir est en cours avec la coentreprise, et une mise à  jour des résultats sera fournie en temps opportun.
  Source : https://www.cairnenergy.com/news-media/news/2020/operational-update-2020-reduced-capital-expenditure/#Tabundefined=1

Il va donc sans dire que, les réactions des entreprises ne sont pas anodines, et sont souvent motivées par le souci de mieux maitriser le marché avant d’aller plus loin dans la mise en œuvre de grands projets.
De plus amples analyses, et des modélisations financières, permettront certainement d’avoir une meilleure idée des impacts de la crise sanitaire sur les bénéfices ces futurs de ces entreprises.
Pour exemple, les bénéfices potentiels de BP évalués à  1,483 milliards de dollars US pour 2020 sont en baisse par rapport à  2019, année o๠l’entreprise a réalisé 4,025 milliards de dollars US de bénéfices.

Ibrahima BALDE